mardi 28 novembre 2006

Loin des yeux, loin du coeur

Je ne suis pas encore végétarien.
J'ai été élevé au goulash, j'ai mangé des milliers de poulets, de steacks, bavettes, hamburgers, mousse de canard, saucissons, bref, j'ai activement contribué à faire tourner les élevages et les abattoirs. J'ai participé à l'Holocauste, à l'enfer sur Terre pour des millions de créatures.

J'ai été élevé comme ça. En viandard. Et il est difficile de casser tous ces conditionnements, il est difficile de casser l'amour du goût. Pourtant j'aimerais être moralement droit avec mes convictions, et ne plus donner un sou aux types qui tuent et font souffrir. Malheureusement, ce n'est pas encore le cas. Je suis encore "toxicomane"...

Moi aussi, au supermarché, je tombe dans le piège de l'aseptisation. La viande est un produit aussi inerte qu'un légume. La viande n'a pas d'histoire. Et pourtant Dieu sait que j'aime les animaux...

Pour me "dédouaner" l'âme, je mange beaucoup plus de poissons que de viande. Les rafles océaniques sont encore plus invisibles, et aussi, j'ai moins de scrupules à manger un poisson libre piégé par les filets, qu'un animal entre les barreaux.

Et puis, il y a tout le reste. Les médicaments, les cosmétiques, tous les produits dérivés des animaux dont je n'ai absolument aucune idée. Je sais juste que malgré mon idéalisme, j'ai été, et je suis encore acteur de la Grande Souffrance Silencieuse des Innocents.

Jamais je ne dois oublier ça.
Jamais je dois me réfugier dans l'ignorance.
Jamais je ne dois me résigner aux facilités du consumérisme aveugle.

J'envie les vrais Enragés, ceux pour qui manger un animal déclenche viscéralement hystérie, colère, répugnance. Je suis conditionné à tout manger. C'est comme ça.
Dans mon cas, il n'y a plus que la morale, la froide morale pour rejoindre le camp des Justes, tant il est difficile d'obliger son esprit à susciter une vraie nausée...

C'est pourquoi il est de salubrité mentale de voir tous ces films sanglants, pharmaceutiques, ces films de résistants cagoulés, afin de s'éclabousser de la souffrance anonyme, engendrée par ce désir de confort morbide de nos sociétés modernes. Car le plaisir à un prix : celui du meurtre de masse.
Est-ce que je veux participer à ça ? Est-ce que le fait que je ne tienne pas le couteau m'innocente du système ?

Bien sur que non. Parce que je sais. Si un jour, les bêtes prenaient le pouvoir, elles auraient le droit de me condamner pour complicité de meurtre. Elles en auraient le droit.

Durant la seconde guerre mondiale, une partie des Allemands ignoraient ce qui se tramaient à Auschwitz. Il l'ignoraient. Donc, au-delà de l'erreur d'avoir élu le petit moustachu, ils ne peuvent être blamés pour les génocides commis.

Mais nous, nous avons les films, par centaines. Et il faut les voir, il faut faire naître cette révolte, cette répugnance tenace contre le business de l'éleveur, du boucher, du scientifique et de tant d'autres.
Parce que, ne plus voir ces films, c'est forcément se voiler la face, c'est rejeter à la périphérie ce qui nous dérange, comme ces abattoirs qui ont quitté les centre-ville. C'est se dorloter dans l'oubli. Loin des yeux la souffrance, et loin du coeur la révolte...

Alors demeurons horrifié : C'est une question de salubrité mentale. C'est moralement juste et nécessaire. Et même pour un athée, c'est marcher sur les pas de Dieu...

Je progresse, peu à peu, je progresse...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Où en est-tu actuellement ?
Je n'ai pas lu tous tes articles et peut être que ton évolution est décrite quelque part ?
J'avance moi aussi, à petits pas tant il est difficile de ne pas être copmlice à 100% .
Pas facile non plus d'informer sans brusquer ce qui aurait pour effet de fermer les esprits qui préfèrent "ne pas savoir".
J'aime beaucoup la "rédaction" de tes articles et j'ai mis ton lien dans mes partenaires.
Je te souhaite de nombreuses visites et que les messages apportés dans cette croisade pour le respect des animaux portent leurs fruits.
Sincèrement,
Victoria